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Chroniques maniaques
10 octobre 2006

L’existence – Don’t give up (Peter Gabriel)

Exister. Vivre. Deux mots. Deux verbes. L’un passif, l’autre actif ? L’existence n’est-elle qu’un point de départ, une amorce pour la vie entendue comme actualisation permanente de l’existence dans le grand processus indifférencié du monde phénoménal ? Ne pas abandonner. Même si mes rêves se sont enfuis au gré des tsunamis psychiques qui m’ont submergé. Continuer parce que l’heure de la défaite n’a pas encore sonné. Bien malin qui gagnera la bataille. Chaque victoire porte en son sein la défaite qui suivra. Chaque défaite n’est qu’un pas vers la découverte de l’humilité. Personne ne veut de ceux qui perdent, de ceux qui s’abîment dans le puits sans fond de la dissolution de l’instinct de survie. Est-ce une défaite que l’abandon ? S’abandonner au cours de l’existence, glisser le long du grand processus, dans le champ de bosses de la vie. La Vie, dont nous sommes tous une infinitésimale partie. Insignifiante peut-être. Quelle est notre fonction d’utilité ? Que sommes-nous chargés de remplir dans le grand puzzle du monde ?

Etre. Je suis. Je suis quoi ? Rien. Poussière d’étoile. Microscopique intervention spatio-temporelle, destinée à retourner à son état d’inexistence. Remplacée par d’autres, passée par pertes et profits. Exister. Cela nécessite-t-il un but, une orientation, un sens ? Chacun sa place. Trouver la mienne, la co-créer, la forcer même si c’est nécessaire. Forcer, actionner est-il partie du processus puisqu’a été donnée à l’homme cette capacité à agir en conscience, à définir des buts et des objectifs, des plans d’actions ? Evaluer sans cesse le potentiel de la situation, chercher la voie de l’économie d’action, de l’énergie minimale pour l’impact maximal suppose de parfois laisser se décanter les choses, au risque de les voir commencer à pourrir. Trouver le moment juste, l’instant où la bifurcation potentielle s’actualise et se matérialise pour ne pas la laisser s’ancrer comme une inquiétante alternative. Etre prêt à l’action, anticiper, ne pas renoncer à co-créer sa vie. Et pourtant toutes les sagesses insistent sur la dimension supérieure à une simple existence qui conditionne nos vies à notre insu, qui nous emmène au gré de rencontres et d’événements dans des directions que parfois nous ne cessons de refuser. J’aurais pu me suicider. Rien ne m’en empêchait réellement. La porte était ouverte, la Seine à deux pas. J’aurais pu me trancher les veines un soir, laissant couler le sang toute la nuit sans que quiconque ne s’en aperçoive. Je ne l’ai jamais envisagé, sauf à rester seul au monde. Jamais. J’aurais pu laisser une brève lettre pour expliquer que tout ceci devenait insupportable, pour moi et pour les autres, j’aurais pu prétendre que j’agissais ainsi pour les libérer de la contrainte que je représentais désormais. J’aurais pu cesser d’exister. Mettre un terme à ma vie. J’aurais été, n’étant plus. Insoumis à l’ego qui m’intimait de ne pas lâcher, de continuer à chercher une voie de sortie, de continuer à vivre. Quel est le sens de cette traversée morbide aux franges du suicide mental, s’il en est un ? Réapprendre à goûter l’existence. En attendant de reprendre vie ? Reconstruire une confiance en soi sur les cendres encore brûlantes de la haine de soi développée à l’excès. Est-ce seulement possible ? Dans ce monde où la faiblesse est inadmissible, où seule la force est respectée. Dans ce monde où l’on se développe personnellement, où l’on met tous les atouts de son côté, où l’on s’appuie toujours plus fort sur soi et sur les autres, pour progresser, avancer. Dans ce monde où le reflux est un renoncement qui n’attire que désapprobation ou inquiétude. Ne pas abandonner, mais s’abandonner. La marge de manoeuvre est faible entre ces deux attitudes. L’intime conviction du sens de l’existence est peut-être ce qui conditionne la possibilité de ne pas tomber dans le piège de l’abandon. Le renoncement n’est pas loin non plus, fil tendu au-dessus de l’abandon et du désespoir, forme consciente peut-être de ces deux tendances destructrices. Je n’ai jamais appris à échouer. Ni à chercher le Point Zéro.

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